L’évolution actuelle de l’agriculture libère de vastes espaces au cœur même des villages et de nouvelles activités tendent tout naturellement à se les approprier. La réalisation fait partie d’un ensemble de bâtiments ruraux mitoyens: une ferme gentilhommière de la fin du XVIIIème siècle au Sud, une grange-écurie construite en 1905 comme un bâtiment industriel au centre et un pont de grange précaire en bois au Nord. La grange centrale à transformer était portée par une structure tripartite. Nous avons donc choisi d’y insérer trois habitations en respectant cet ordre préexistant. La typologie est répétitive et chaque unité se développe verticalement pour que chacun ait un accès de plain-pied, caractéristique même du logement villageois. Pour donner un caractère spécifique à chaque unité, les espaces de jour se développent au-delà de la trame de base et offrent ainsi une générosité accrue dans les surfaces. Si les étages de chambres se rangent sagement dans trois tranches équivalentes, les salons et cuisines s’étendent et occupent l’ancien bûcher de la ferme attenante pour l’un, et le pont de grange pour l’autre. L’enveloppe existante est conservée et chaque pièce bénéficie de larges ouvertures à l’échelle des machines agricoles. Devant le bâtiment, l’ancienne fosse à purin a été maintenue pour devenir une terrasse. Les matériaux choisis sont bruts et rappellent le passé industriel des lieux. La chape coulée, laissée apparente, prolonge les espaces extérieurs vers l’intérieur. Les éviers et plans de travail sont en béton. Les sols des étages sont couverts d’un plancher massif en sapin issu des forêts du village. Les détails ont été simplifiés à l’extrême pour atteindre une architecture élémentaire où le luxe est dans l’espace et non dans un choix de matériaux ou de finitions.
Photos: ©Joël Tettamanti